Anaelle ClotVD

FRAprès avoir accompli sa formation de graphiste à Lausanne ainsi que quelques années d’activités, notamment au sein de l’atelier de Flavia Cocchi, Anaëlle Clot s’en est retournée vivre à la campagne. Depuis, elle y conjugue, en indépendante, les deux pratiques du graphisme et du dessin qui s’entremêlent et se nourrissent mutuellement. Ici, elle se met à jardiner et à dessiner presque de la même façon. Elle retrouve aussi sa capacité à s’émerveiller devant les manifestations discrètes et à la fois miraculeuses de la vie qui l’entoure et, quand elle dessine et peint sur le papier, elle procède à des reconstitutions nées du mariage de ses observations et de l’imaginaire. Une pratique empreinte de liberté qui lui permet de reconstituer le lien fondamental qui existe entre les êtres vivants. Voilà la dimension écologique et militante qui teinte toute sa pratique: quand elle travaille pour les autres, l’artiste sélectionne consciencieusement les projets qui lui semblent utiles et en lien avec ses valeurs. Quand elle dessine pour elle, sa sensibilité exacerbée et son intranquilité permanente face au chaos du monde se révèlent: les constructions picturales, organiques toujours, s’assombrissent parfois et jouent avec l’indéterminé: des imbroglios, des superpositions et des enchevêtrements d’espèces; comme pour délivrer son mélange d’anxiété et d’émerveillement, spectatrice à la fois de nos futurs mortifères et du grand jardin où la vie grouillante promet de ne jamais cesser de croître. Anaëlle Clot est également membre du collectif Aristide qui édite la revue de dessin du même nom et autour de laquelle s’égrènent au fil des ans des éditions de sérigraphies, des installations et des expositions…
— Texte: Clotilde Wuthrich

ENAfter training as a graphic designer in Lausanne and working for several years in Flavia Cocchi's studio, Anaëlle Clot moved back to the countryside. Since then, as a freelance, she has combined the two practices of graphic design and drawing, which are intertwined and mutually nourishing. Here, she begins to garden and draw in almost the same way. She also rediscovers her ability to marvel at the discreet yet miraculous manifestations of life around her, and when she draws and paints on paper, she creates reconstructions born of the marriage of her observations and her imagination. It's a practice imbued with freedom that enables her to reconstitute the fundamental link that exists between living beings. This is the ecological and militant dimension that colours all her work: when she works for others, the artist conscientiously selects projects that she feels are useful and in line with her values. When she draws for herself, her heightened sensitivity and permanent intranquility in the face of the chaos of the world are revealed: the pictorial constructions, always organic, sometimes darken and play with the indeterminate: imbroglios, superimpositions and entanglements of species; as if to deliver her mixture of anxiety and wonder, spectator at once of our mortifying futures and of the great garden where teeming life promises never to cease growing. Anaëlle Clot is also a member of the Aristide collective, which publishes the drawing magazine of the same name. Over the years, the group has produced a series of silkscreen prints, installations and exhibitions...
— Translated from the text of Clotilde Wuthrich

anaelleclot.ch @anaelleclot

FRÀ vous

Symbole répété à la main. Labeur.
Prison.
Marque de pointage, comptabilité, chiffres.
Profit.
Nombre d’objets produits, de services rendus.
Nombres de morts, directes et indirectes.
Pertes.
Nombres d’heures, de jours, d’années,
de vies,
humaines et non humaines,
visibles et invisibles.
Invisible.
Disparitions.

Décompositions–Recompositions.

Nombre de rêves,
de créations, d'histoires, de rencontres, de liens,
humains et non humains.
Nombre de possibles.
Nombres d’heures, de jours, d’années,
de vies.

ENTo you

Symbol repeated by hand. Labour.
Prison.
Tally mark, accounting, figures.
Profit.
Number of objects produced, services rendered.
Number of deaths, direct and indirect.
Losses.
Number of hours, days, years,
of lives,
human and non-human,
visible and invisible.
Invisible.
Disappearances.

Decompositions-Recompositions

Number of dreams,
creations, stories, encounters, links,
human and non-human.
The number of possibilities.
Number of hours, days, years,
of lives.

— Translated from a poem of Anaelle Clot

Büro DestructBE

FRBüro Destruct est une société suisse de graphisme fondée en 1994 par trois designers : Lopetz, H1reber et MBrunner. Le studio a commencé comme un collectif de designers qui partageaient une passion pour le design expérimental et un désir de repousser les limites du design graphique traditionnel. Büro Destruct s'est rapidement fait connaître pour son approche unique et innovante du design, et est devenu depuis l'un des studios de design les plus influents de Suisse. Au fil des ans, Büro Destruct a travaillé avec un large éventail de clients, allant de petites entreprises locales à des marques mondiales telles que Sony, Nike et Coca-Cola. Le travail de Büro Destruct s'étend sur différents supports, notamment l'impression, la typographie, le web, les illustrations et la conception de produits. L'une des caractéristiques du travail de Büro Destruct est l'utilisation de couleurs vives et audacieuses et d'une typographie dynamique. Ils sont connus pour leur approche ludique et irrévérencieuse du design, incorporant souvent des éléments de la culture pop et de l'art de la rue dans leur travail. Leurs créations se caractérisent par un sens de l'humour, de l'énergie et du mouvement, et ils n'ont pas peur d'expérimenter de nouvelles techniques et technologies. Outre son travail de conception, Büro Destruct a également participé à divers projets culturels et artistiques. Ils ont publié plusieurs livres, organisé des expositions et collaboré avec des musicienn.e.s et des artistes sur divers projets. Aujourd'hui, Büro Destruct continue d'être une force majeure de la scène suisse du design, et son influence est perceptible dans le travail de nombreux jeunes designers. Malgré leur succès, ils restent attachés à leur approche expérimentale du design et continuent de repousser les limites de ce qui est possible dans le monde du graphisme.
— écrit par ChatGPT

ENBüro Destruct is a Swiss graphic design company that was founded in 1994 by three designers: Lopetz, H1reber and MBrunner. The studio began as a collective of designers who shared a passion for experimental design and a desire to push the boundaries of traditional graphic design. Büro Destruct quickly gained a reputation for its unique and innovative approach to design, and has since become one of the most influential design studios in Switzerland. Over the years, Büro Destruct has worked with a wide range of clients, from small local businesses to global brands such as Sony, Nike and Coca-Cola. Their work spans across various mediums, including print, typography, web, illustrations, and product design. One of the hallmarks of Büro Destruct's work is their use of bold, bright colours and dynamic typography. They are known for their playful and irreverent approach to design, often incorporating elements of pop culture and street art into their work. Their designs are characterised by a sense of humour, energy and movement, and they are not afraid to experiment with new techniques and technologies. In addition to their design work, Büro Destruct has also been involved in various cultural and artistic projects. They have published several books, curated exhibitions, and collaborated with musicians and artists on various projects. Today, Büro Destruct continues to be a major force in the Swiss design scene, and their influence can be seen in the work of many young designers. Despite their success, they remain committed to their experimental approach to design, and continue to push the boundaries of what is possible in the world of graphic design.
— written by ChatGPT

burodestruct.net @burodestruct

FRBüro Destruct a délégué son travail à l'IA et à l'imagination des spectateurs dans les rues de Genève. Avec ce travail et cette affiche, Büro Destruct veut stimuler le questionnement et la réflexion sur l'avenir du travail dans une société qui est confrontée à une autre technologie perturbatrice comme l'ont été l'ordinateur et internet il y a quelques années. Büro Destruct espère et croit que l'IA s'imposera comme un outil de travail créatif et productif, utilisé par l'homme pour l'homme.

ENBüro Destruct has delegated their work to the Ai and to the viewers imagination in the streets of Geneva. With this work and this poster design, Büro Destruct wants to stimulate questioning and reflecting on the future of work in a society that is confronted with another disruptive technology as the computer and the internet did some years ago. Büro Destruct hopes and believes, the Ai will establish itself just as another creative and productive work tool, used by human for human.

Futur NeueGE

FRFutur Neue est un groupe indépendant de design graphique, de typographie et de recherche basé à Genève, fondé par Constance Delamadeleine (histoire de la recherche), Alex Dujet (direction artistique, design graphique et typographie) et Sébastien Mathys (qui dirige aujourd'hui Duo d'Art, Genève). Futur Neue travaille sur des travaux spécifiques dans les domaines de l'impression et du design interactif pour les institutions culturelles, les entreprises et les particuliers. Les membres de Futur Neue sont également impliqués dans plusieurs projets satellites. Alex Dujet est co-fondateur d'Extraset Type Foundry, et crée en 2017 Type Item Micro Edition, un projet auto initié lié au design graphique et à la typographie expérimentale. Constance Delamadelaine poursuit ses recherches avec un poste de doctorante en histoire du design à l'Unil-Lausanne et à la ZHDK Zürich, et participe à sgdtr.ch en tant que chercheuse pour le projet Swiss graphic design and typography revisited. Visitez le site de Futur Neue Advisory Research, un service qui fournit des solutions en matière de développement de projets de recherche. Futur Neue est également impliqué en tant qu'enseignant en graphisme, typographie et recherche (actuellement à la HEAD-Genève dans le département de communication visuelle).

ENFutur Neue is an independent, Geneva-based, graphic design, typography and research design group, founded by Constance Delamadeleine (research history), Alex Dujet (art direction, graphic design and typography) and Sébastien Mathys (running now Duo d'Art, Geneva). Futur Neue covers specific works in areas of print and interactive design for cultural institutions, businesses and individuals. Futur Neue members are aslo involved in several satellites projects. Alex Dujet is a Co-founder of Extraset Type Foundry, and creates in 2017 Type Item Micro Edition, an auto initiated project related to experimental graphic design and typography. Constance Delamadelaine keeps going with research with a current position in a PhD Candidate Design History at Unil-Lausanne and ZHDK Zürich, and, she takes part in sgdtr.ch as a researcher for the project Swiss graphic design and typography revisited. Please, visit Futur Neue Advisory Research, a service that provide with solutions in regard to research projects development. Futur Neue is also involved as graphic design, typography and research teachers (currently at HEAD–Geneva in the visual communication department). We currently do not offer internships or job positions, thank you for your comprehension.

futurneue.cc @futurneue

FRSchicht aus Weiß (couche de blanc) se présente comme un des quatre volets de l'exposition 1234 Echo Brut 01 initié par Alex Dujet à Genève en octobre 2023. Le travail systématique autour de la notion du chiffre 4 comme symbole d'équilibre est un repère récurant dans la globalité des quatre oeuvres présentées dans l’exposition. De manière inévitable, cet équilibre se voit partiellement perturbé par la notion du chiffre 3, agissant comme un symbole cognitif disruptif. Afin de promouvoir cette initiative, Alex Dujet travaille autour de la symbolique de plusieurs mots comportant quatre lettres, et organise une série de quatre affiches pour les magnifier. Trois affiches étant déjà réalisées, le designer était encore à la recherche d'un angle pour élaborer la quatrième. La proposition d'Affichage Public tombe exactement dans ce moment de gestation et impulse l'idée du sujet manquant. La thématique Work Work Work (trois mots à quatre lettres) s'inscrit parfaitement dans le contexte de l'exposition. Schicht aus Weiß agit comme une pause, un blanc, et représente de façon analogique le vide essentiel à la cohabitation de sujets graphiques ou sonores. Effectivement, l'affiche se présente comme un souffle au coeur de 4 projets interdisciplinaires expérimentaux, mêlant foisonnements de sujets graphiques et typographiques imprimés en noir, accompagnés de plusieurs plages sonores et de videos diverses. Par le biais de quatre photos, l’affiche immortalise également le travail d’impression d’une couche blanche de sérigraphie non visible. Afin de rendre une couche de jaune fluo finale plus lumineuse lors de la superposition partielle de cette teinte sur des couches de noir d’une des affiches présentée dans l’exposition, cette couche de blanc joue un role primordial de gestion des opacités de couleur. Cette tentative rend hommage à l’importance de cette teinte que l’on a tendance à oublier comme telle, et à sa nécessité comme vide dans l’harmonie du design. Dans le livre rétrospectif qui accompagne la démarche de ces quatre projets, le travail Schicht aus Weiß est positionné en numéro 3, et est légendé comme une analogie à l'oeuvre de John Cage 4'33.

ENSchicht aus Weiß (Layer of White) is one of the four parts of the exhibition 1234 Echo Brut 01 initiated by Alex Dujet in Geneva in October 2023. The systematic use of the number 4 as a symbol of balance is a recurring theme throughout the four works in the exhibition. Inevitably, this balance is partially disrupted by the notion of the number 3, acting as a disruptive cognitive symbol. To promote this initiative, Alex Dujet worked around the symbolism of several four-letter words, and organised a series of four posters to magnify them. Three of the posters had already been produced, so the designer was still looking for an angle for the fourth. The proposal for Affichage Public came at exactly the right moment, and provided the impetus for the missing subject. The theme Work Work Work (three four-letter words) fits perfectly with the context of the exhibition. Schicht aus Weiß acts as a pause, a blank, and analogically represents the emptiness essential to the cohabitation of graphic or sound subjects. In effect, the poster is a breath of fresh air at the heart of 4 experimental interdisciplinary projects, combining a profusion of graphic and typographic subjects printed in black, accompanied by several sound tracks and various videos. Through four photos, the poster also immortalises the work of printing a white layer of silkscreen that is not visible. In order to make the final layer of fluorescent yellow more luminous when partially superimposed on layers of black on one of the posters in the exhibition, this layer of white plays a key role in managing the opacity of colour. This attempt pays tribute to the importance of this hue, which we tend to forget as such, and to its necessity as a void in the harmony of design. In the retrospective book that accompanies these four projects, the work Schicht aus Weiß is positioned at number 3, and is captioned as an analogy to John Cage's work 4'33.

Giliane CachinZH

FRGraphiste indépendante, Zürich

ENIndependent graphic designer, Zürich

gilianecachin.ch @gilianecachin

FRLe graphisme fait partie de ces métiers-passion qui nous amènent à nous égarer, le temps d’un projet, dans une multitude d’éléments à élaborer, modifier et fixer, sans voir les heures passer. C’est en tout cas ce que j’ai expérimenté ces quinze dernières années à étudier et travailler dans ce domaine. Le 5 décembre 2022, ma fille entrait dans ma vie et, sans que je ne le réalise vraiment, allait bouleverser ce flux de travail auquel j’étais habituée. L’ambivalence entre l’envie de ne faire plus que de materner et celle de me retrouver dans ce « tunnel créatif » qui faisait mon quotidien, s’est vite fait sentir. Accepter de nouveaux mandats pour retrouver le plaisir de produire ou tout consacrer à ce petit être qui, finalement, représente le projet dont je suis sans aucun doute la plus fière ? Cette dualité a animé ces neuf derniers mois pendant lesquels j’ai cherché à reproduire le cadre de vie dans lequel j’ai grandi tout en me donnant comme objectif de continuer à être productive et à pérenniser la « structure » que j’ai mis du temps à concevoir. C’est ce que j’ai essayé de représenter dans ce poster. Une façon de travailler saccadée et entrecoupée. Sur le moment, on ne distingue pas grand chose, on se concentre sur des petits détails, mais il nous est difficile d’avoir une vision globale de la situation. Pourtant, avec plus de distance, on commence à voir le travail réalisé, des lettres se forment et le message apparait; tout ça c’était du travail, mais on y est arrivé.

ENGraphic design is one of those jobs where you can get lost in a multitude of elements to be developed, modified and fixed for the duration of a project, without seeing the hours go by. At least, that's what I've experienced over the last fifteen years of studying and working in this field. On 5 December 2022, my daughter came into my life and, without me really realizing it, disrupted the workflow to which I was accustomed. The ambivalence between the desire to do nothing more than mother and the desire to get back into the 'creative tunnel' that was my daily routine quickly became apparent. Accepting new commissions to rediscover the pleasure of producing, or devoting everything to this little being who, at the end of the day, represents the project of which I am undoubtedly the most proud? This duality has animated these last nine months, during which I've tried to reproduce the living environment in which I grew up, while setting myself the goal of continuing to be productive and to perpetuate the 'structure' that took me so long to design. That's what I've tried to portray in this poster. A jerky, interrupted way of working. At the time, you can't make out much, you concentrate on small details, but it's hard to get an overall view of the situation. However, with a little more distance, you start to see the work that's been done, the letters form and the message appears; it's all been hard work, but we've done it.

Hélas StudioVD

FRLe duo de graphistes Alice Vodoz et Eilean Friis-Lund est basé à Lausanne et travaille dans le secteur culturel. Elles adoptent une approche collaborative du design et s'intéressent à toutes les formes de culture. Fascinées par l'artisanat, elles aiment explorer la notion d'outil - qu'il soit analogique ou numérique - dans les phases de conception et de production, soulignant ainsi la particularité de chacun de leurs différents projets. Parallèlement à leur partenariat, Alice Vodoz travaille à la Cinémathèque suisse et Eilean Friis-Lund est chargée de cours à l'ECAL (Haute école d'art et de design de Lausanne). Elles ont notamment travaillé avec l'espace d'art indépendant Tunnel Tunnel (depuis 2016), le Festival des arts émergents Les Urbaines (pour les éditions 2020 et 2021), les Swiss Art Awards (2022-2024), ainsi qu'avec Visions du Réel (2023), sur des identités visuelles, des livres, des publications, des sites web, de la signalétique et de la direction artistique.

ENThe graphic designer duo Alice Vodoz and Eilean Friis-Lund is based in Lausanne and works in the cultural sector. They take a collaborative approach to design and are interested in all forms of culture. Fascinated by craftmanship, they love to explore the concept of the tool – be it analogue or digital – in design and production phases, thereby emphasising the particularity of each of their different projects. Alongside their partnership, Alice Vodoz works at La Cinémathèque Suisse and Eilean Friis-Lund is a lecturer at ECAL (Lausanne University of Art and Design). Among others, they have worked with the independent art space Tunnel Tunnel (since 2016), the Festival of Emerging Arts Les Urbaines (for the 2020 and 2021 editions), the Swiss Art Awards (2022-2024), as well as with Visions du Réel (2023), on visual identities, books, publications, websites, signage and artistic direction.

@helas.studio

FR« A touxtes celles et ceux qui préfèreraient être utiles à quelque chose » est la dédicace du livre Bullshit Jobs de David Graeber. Dans cet ouvrage, l’écrivain dénonce l'aliénation d’une majorité des travailleur·euse·s de bureau provoquée par la prolifération de tâches inutiles et sans réel intérêt pour la société. Alors que les avancées technologiques et la robotisation alimentaient la promesse d’une réduction du temps de travail, David Graeber constate aujourd’hui l’effet inverse. Il répertorie plusieurs catégories de ‘bullshit jobs’ comme « larbins », « porte-flingue », « rafistoleurs », « cocheurs de cases » ou « petits chefs », autant de titres qui trahissent les rouages d’un système opulent et destructeur, tant pour la santé que pour la planète. En plus des risques de ‘brown-out’ ou de ‘démission intérieure’ causés par la perte de sens dans le monde du travail, ces tâches inutiles génèrent un vaste gaspillage. Dans la dédicace, le ‘quelque chose’ reste libre d’interprétation, ce qui nous invite à redéfinir la notion d’utilité et à réorganiser nos valeurs. L’auteur rappelle que la technologie possède néanmoins toujours le potentiel d’un outil de libération plutôt que d’asservissement. Les perspectives d’épanouissement imaginées par David Graeber sont sans équivoque; pour les atteindre, il est indispensable de placer le travail créatif et celui lié aux soins au cœur de notre culture.

EN'To all those who would rather be useful for something' is the dedication of David Graeber's book Bullshit Jobs. In this book, the writer denounces the alienation of the majority of office workers caused by the proliferation of useless tasks with no real interest for society. While technological advances and robotisation were fuelling the promise of a reduction in working hours, David Graeber is now seeing the opposite effect. He lists several categories of 'bullshit jobs', such as 'stooges', 'gun carriers', 'fiddlers', 'box tickers' and 'bossy boots', all titles that betray the workings of an opulent system that is destructive to both health and the planet. In addition to the risks of 'brown-out' or 'inner resignation' caused by the loss of meaning in the world of work, these pointless tasks generate a vast amount of waste. In the dedication, the 'something' remains open to interpretation, inviting us to redefine the notion of utility and reorganise our values. The author reminds us that technology still has the potential to liberate rather than enslave. The prospects for fulfilment that David Graeber imagines are unequivocal; to achieve them, it is essential to place creative and caring work at the heart of our culture.

Johnson/KingstonBE, LU

FRIvan Weiss et Michael Kryenbühl ont fondé leur studio Johnson / Kingston en 2012. Dans leurs propres projets, dans les projets commandés et dans leur enseignement, ils se concentrent sur l'intersection du design et de la technologie dans le design graphique contemporain. Dans un projet à long terme sur l'édition numérique, ils ont exploré le potentiel des médias basés sur le web et en réseau dans le design. Intéressés par le codage et la construction d'outils, ils développent des projets sur des supports numériques et imprimés, des flux de travail personnalisés et des polices de caractères. Dans leur travail mandaté par des clients, ils se concentrent sur les questions des formes contemporaines d'identités pour les institutions culturelles et éducatives et explorent de nouvelles approches esthétiques et techniques dans la création d'images. Leur travail a été présenté à l'échelle internationale et a reçu le Swiss Design Award à deux reprises, en 2017 et en 2010. Entre 2017 et 2023, ils ont occupé un poste de professeur régulier pour le design de communication avec un accent sur les nouveaux médias à la Hochschule für Gestaltung Karlsruhe en Allemagne. En 2022, Michael Kühni a rejoint le studio.

ENIvan Weiss and Michael Kryenbühl started their studio Johnson / Kingston in 2012. In self-initiated as well as in commissioned projects and their teaching, they focus on the intersection of design and technology in contemporary graphic design. In a long term project on digital publishing, they explored the potential of web based and networked media in design. With an interest in coding and tool building, they develop projects in digital and printed media, custom workflows and typefaces. In their client related work, they focus on questions of contemporary forms of identities for cultural and educational institutions and explore new aesthetic and technical approaches in image¬ making. Their work has been shown internationally and has been granted with the Swiss Design Award twice, in 2017 and 2010. Between 2017 and 2023 they held a regular professorship for communication design with a focus on new media at Hochschule für Gestaltung Karlsruhe in Germany. In 2022 Michael Kühni joined the studio.

johnsonkingston.ch @johnson__kingston

FRDans les pays du Nord, une classe privilégiée de la population aurait déjà la possibilité de décider de l'importance du travail dans sa propre vie. D'une part, la question de savoir quelle part de sa vie vaut la peine d'être investie dans le travail reflète les valeurs de chacun ; d'autre part, l'appel à "plus !" résonne avec l'exigence fondamentale du capitalisme. Avec l'automatisation croissante, le lien entre le travail et les moyens de subsistance est de plus en plus remis en question. Et puis, au final, chacun devra décider pour lui-même : Relax ou Rolex ?

DEIm globalen Norden hätte eine privilegierte Schicht von Menschen bereits heute die Möglichkeit, über den Stellenwert der Arbeit im eigenen Leben entscheiden zu können. Einerseits spiegeln sich in der Frage, wie viel Lebenszeit es sich lohnt, in die Arbeit zu investieren, die eigenen Wertvorstellungen, auf der anderen Seite schwingt mit dem Ruf nach «mehr!» die Grundforderung des Kapitalismus mit. Mit zunehmender Automatisierung wird jedoch die Kopplung zwischen Arbeit und Lebensunterhalt immer wie mehr in Frage gestellt. Und spätestens dann muss jeder für sich entscheiden: Relax oder Rolex?

ENIn the global North, a privileged class of people would already have the opportunity to decide on the importance of work in their own lives. On the one hand, the question of how much of one's life is worth investing in work reflects one's own values; on the other hand, the call for "more!" resonates with the basic demand of capitalism. With increasing automation, however, the link between work and livelihood is increasingly being called into question. And then, at the latest, everyone will have to decide for themselves: Relax or Rolex?

Maurane ZauggGE

FRMaurane Zaugg est une graphiste indépendante basée et active à Genève. Elle se consacre exclusivement à des projets culturels et/ou politiques. Diplômée du CFP Arts Genève (CFC) et de la Zürcher Hochschule der Künste (ZHdK, BA) en communication visuelle, elle est particulièrement attachée à l’impression sous ses différents procédés – notamment l’offset et la typographie – dans lesquels elle a été formée parallèlement. La volonté de faire des choses manuelles la pousse, dans sa pratique personnelle, à explorer le dessin, la typographie, la composition au plomb et l’impression en général.

ENMaurane Zaugg is a freelance graphic designer based and active in Geneva. She works exclusively on cultural and/or political projects. A graduate of the CFP Arts Genève (CFC) and the Zürcher Hochschule der Künste (ZHdK, BA) in visual communications, she is particularly attached to the various printing processes - notably offset and letterpress - in which she was trained at the same time. Her desire to do things by hand has led her to explore drawing, typography, lead composition and printing in general in her personal practice.

mauranezaugg.ch @maurane_zaugg

FRComposée en perles à repasser, cette affiche questionne l’efficacité au travail et propose de revenir à une forme de lenteur et de dévotion. Au fil de sa composition, l’action répétée – du tri des perles par couleurs, de la composition, du repassage et de la reformulation obstinée du mot work – devient un procédé presque mécanique consistant à faire, défaire et refaire à l’infini. Les possibilités illimitées de ce jeu modulaire stimulent une créativité simple et décomplexée. Cela suggère de désacraliser l’approche du design graphique et de se rappeler que toute pratique est valable à acquérir. Dédier du temps à un matériau et à un travail manuel stimule la pensée et permet d’accéder à un état d’éveil intellectuel et émotionnel. Il est alors possible de prendre son temps et d’aborder sa pratique en s’émancipant du cadre professionnel parfois alliénant. « Ce que j’ai trouvé dans ce petit univers domestique du tricot est infini, bien plus vaste et plus profond que ce que l’on pourrait imaginer. La capacité du tricot à inspirer, stimuler et susciter notre imagination créative est infinie et apparemment inépuisable. »
— The Knitting Sutra, Susan Lydon

ENMade from ironing beads, this poster questions efficiency at work and suggests a return to a form of slowness and devotion. As it is composed, the repeated action of sorting the beads by colour, composing, ironing and obstinately rephrasing the word "work" becomes an almost mechanical process of doing, undoing and redoing ad infinitum. The limitless possibilities of this modular game stimulate simple, uninhibited creativity. It suggests a desacralisation of the approach to graphic design and a reminder that all practice is worth acquiring. Dedicating time to a material and to manual work stimulates thought and allows access to a state of intellectual and emotional awakening. It is then possible to take one's time and approach one's practice by freeing oneself from the sometimes all-consuming professional framework. "What I've found in this little domestic world of knitting is infinite, much wider and deeper than you might imagine. Knitting's ability to inspire, stimulate and spark our creative imagination is infinite and seemingly inexhaustible."
— The Knitting Sutra, Susan Lydon

NeoNeoGE

FRNeo Neo est un atelier de graphisme et de direction artistique basé à Genève, fondé en 2010 par Thuy-An Hoang et Xavier Erni. Le studio collabore avec des artistes, des institutions culturelles ainsi que des entreprises pour créer des concepts de communication originaux et contemporains. À travers les années, le studio a développé une approche transdisciplinaire, partageant son activité entre la communication visuelle, le commissariat d’exposition, l’édition et l’enseignement. Depuis 2011, Thuy-An et Xavier publient Poster Tribune, une revue dédiée aux affiches. En 2015, il et elle ouvrent Print Program, une plateforme d’exposition et une archive consacrée aux objets imprimés. Il et elle ont depuis peu lancé, aux côtés de Alex Dujet, Roger Gaillard et David Mamie, la fonderie typographique digitale Extraset. Le duo enseigne également la graphisme et la typographie à la HEAD–Genève (Haute école d’art et de design) depuis 2015.

ENNeo Neo is a graphic design and art direction studio based in Geneva, founded in 2010 by Thuy-An Hoang and Xavier Erni. The studio works with artists, cultural institutions and businesses to create original and contemporary communication concepts. Over the years, the studio has developed a cross-disciplinary approach, dividing its work between visual communication, curating, publishing and teaching. Since 2011, Thuy-An and Xavier have published Poster Tribune, a magazine dedicated to posters. In 2015, they opened Print Program, an exhibition platform and archive devoted to printed objects. They recently launched the digital typographic foundry Extraset. The duo is also teaching graphic design and typography at HEAD-Genève (Haute école d'art et de design) since 2015.

neoneo.ch @neoneo.ch

FRA travers notre proposition, nous avons voulu aborder la thématique du travail par l’un de ses aboutissements: la rémunération. Lorsque nous travaillons sur un projet d'affiche, deux documents sont créés, d’un côté le fichier qui va servir à l’impression de l’affiche, et de l’autre, la facture adressée au client. Le fait de réduire l’affiche à la facture peut évidemment paraître comme un geste de provocation, mais la réduction de la thématique en ce geste peut ouvrir un questionnement: Pourquoi ressent-on une certaine gêne en voyant cette facture en grand format? Pourquoi est-il tabou de parler de rémunération ou tout simplement d’argent à Genève? Par ailleurs, le projet permet de mettre en avant la thématique de la rémunération des artistes; ou plus précisément dans ce cas précis, des graphistes invités à proposer une création graphique. Longtemps considéré comme un travail qui ne nécessite pas de rémunération, la participation à des expositions collectives était souvent non rémunérée. Aujourd’hui, nous sommes content.e.s de pouvoir dire que les choses évoluent. Le fait de dire ouvertement que nous avons été payés 1000.- CHF pour 10h de travail, fait comprendre le positionnement et le fonctionnement d’Affichage Publique, qui considère que la participation à ce genre de projet mérite salaire. Cette affiche est peut-être inattendue en terme visuel. Elle n’est peut-être pas esthétique ou très graphique, mais elle parle de la base fondamentale du travail.

ENWith our proposal, we wanted to tackle the theme of work through one of its outcomes: remuneration. When we work on a poster project, two documents are created: on the one hand, the file that will be used to print the poster, and on the other, the invoice sent to the client. Reducing the poster to the invoice may seem like a provocative gesture, but reducing the theme to this gesture can raise questions: Why do we feel a certain embarrassment when we see this invoice in large format? Why is it taboo to talk about remuneration or simply money in Geneva? The project also highlights the issue of remuneration for artists, or more precisely in this case, for the graphic designers invited to submit a design. For a long time, participation in collective exhibitions was considered as work that didn't require remuneration, and was often unpaid. Today, we're pleased to be able to say that things are changing. The fact that we can say openly that we were paid CHF 1,000 for 10 hours' work makes it clear that Affichage Publique believes that taking part in this kind of project deserves to be paid. This poster is perhaps unexpected in visual terms. It may not be aesthetically pleasing or very graphic, but it speaks of the fundamental basis of the work.